Henri MASSE est né le 9 février 1917, à Bourcefranc, dans la boulangerie de son grand-père Lardy. Il est le premier né. Il a failli naitre en Tunisie ou sur le bateau qui en provenait, à quelques jours près.

Henri entre sa mère Lucie et son père Flavien.
Derrière : Elie Lardy (Lardit), le frère de Lucie, décédé vers 30 ans


L’enfance se passe à Fontenay aux roses, en banlieue parisienne, dans la mercerie familiale tenue par sa mère Lucie, et les congés d’été à Bourcefranc dans la maison familiale maternelle.



Le père Flavien est alors électricien roulant sur motrices électriques SNCF à Paris.
Les racines familiales en Charente Maritime sont donc très bien conservées depuis Paris car on voyage gratuitement en train et il y a une gare SNCF à Bourcefranc même, à 200m de la maison familiale.

Les 2 grand-mères maternelles Augustine et sa mère Marthe Léonie dite « Angèle » habitent alors encore à Bourcefranc, 48 rue Jean Jaurès. Mais en été, tout le monde se retrouve à Bourefranc. Le grand-père paternel André Massé, veuf, restera en famille, toujours avec son fils Flavien, tantôt à Fontenay aux roses tantôt à Bourcefranc, jusqu’à ses derniers jours, et non en maison de retraite : on garde les anciens avec soi, c’est l’usage de l’époque. Même la grand-mère Augustine viendra vivre à Fontenay chez sa fille Lucie, quand elle ne sera plus autonome.


Photo prise à Bourcefranc dans le fond de la cour intérieure, avant que Flavien et Lucie ne fassent des travaux.
A gauche : Lucie et Flavien
A droite : Augustine la mère de Lucie
A droite au 3ième plan : André Rousseau, de profil
A fond, tenant une bouteille : sa femme
Les autres me sont inconnus

Une petite sœur Lucette nait alors à Henri, à Fontenay, le 17 aout 1923. Elle plus jeune de 6 ans.
Elle sera tuée accidentellement par un cycliste devant chez elle en centre ville : fracture du crâne, le rocher. Elle avait environ 11 ans. Mort instantanée...
Il en résultera un traumatisme très violent pour toute la famille, surtout pour la mère Lucie qui ne s’en remettra jamais. Dès lors, son souvenir sera entretenu de façon constante mais discrète par sa mère Lucie, jusqu’à ses propres derniers jours : ses jouets, sa chambre, ses vêtements seront conservés de façon quasi religieuse . Poignant, pathétique…
Henri redevient alors l’enfant unique et est couvé par sa mère, sans qu’elle soit jamais possessive.

Henri adolescent avec sa petite sœur Lucette, à Bourcefranc.
Derrière : son arrière grand père Barthélémy Pattedoie


Sa sœur Lucette, peu avant l’accident, à Fontenay aux Roses, rue des Roses, contre le fond du parc Boucicaud, devant la fontaine artificielle.

Sa scolarité est sans histoire : le Certificat d’Etudes, peut-être le brevet, mais il apparaît alors un gout et une aptitude aigues pour le dessin et la peinture artistique. Par ailleurs Henri est très habile de ses mains pour absolument tous les travaux manuels.
Henri veut faire les Beaux Arts, ses parents refusent : on n’y gagne pas bien sa vie, selon eux.
Ils lui font donc faire une école technique en raison de ses aptitudes manuelles: Dorient à Paris.

Puis il débute comme apprenti chez Renault automobiles à Billancourt où un ami de la famille le fait rentrer et lui promet son appui pour y faire carrière. Il y travaille quelques années seulement. Il y connaît le Front Populaire, ses grèves et l’enthousiasme qui soulève alors le personnel. Il y adhère momentanément, par entrainement de ses collègues car sa vie ultérieure montrera un détachement total de la chose politique ou sociale.
La guerre menace. La famille l’oriente donc vers un service militaire chez les pompiers de Paris. Il y rentre pour le temps réglementaire, bien plus long que dans l’armée.



Peu de temps avant d’être démobilisé définitivement des pompiers, la guerre éclate en 1939. Il n’est donc pas libéré et y fera 4 années supplémentaires, de façon contrainte et forcée.
Ces 7 années consécutives de service militaire obligatoire deviendront un fardeau psychologique qu’il trainera tout au long de sa vie pour expliquer ses difficultés professionnelles, se justifier vis-à-vis d’autrui, et très probablement aussi pour se protéger à son insu. A chaque difficulté nouvelle dans sa profession, Henri soulignera qu’il a commencé à travailler 7 ans après les autres et que ceux-ci ne l’ont pas attendu pour prendre les bonnes places. Longue amertume toute sa vie durant, sur ce point là…

A côté de Jean Lainé, son cousin germain, pendant la guerre

La guerre est vécue en caserne à Paris puis à Clamart, tout près de Fontenay aux Roses.
Il fait alors connaissance avec sa future épouse, Gisèle, à Bourcefranc lors de congés familiaux en Charente Mme. La date est connue, car c’est la grande fête foraine annuelle de la St Louis : le 25 aout, en 1939 ou 1940.
C’est LE coup de foudre dont il ne se remettra jamais, pour son plus grand bonheur. Ses parents, très compréhensifs, devant l’attachement éperdu que leur fils montre alors, invitent la jeune fille à venir passer quelques jours à Fontenay dans la maison du commerce familial. Le mariage se fera pendant la guerre le 27 janvier 1940 à St Sornin, dans le village natal de Gisèle, à 20 km de Bourcefranc. Le mariage sera célébré par Mr Grellier, celui qui avait célébré le mariage des beaux parents Chauvin en 1911, au même endroit.

Avant le mariage, vers 1939 ou 1940
De gauche à droite :
?? peut-être Eugénie Chauvin ??
Flavien Massé, père d’Henri
Lucie Massé, sa mère
Gisèle Chauvin, la promise..
Henri, pompier à Paris


Par la suite, le jeune couple vivra quelques temps chez les parents Massé, à Fontenay, au-dessus du magasin de mercerie (j’y naitrai en 1941) puis sera logé gratuitement dans un très grand pavillon en pierre de meulière dont les parents Massé sont devenus propriétaires, rue d’Estienne d’Orve, à Fontenay, et ce jusqu’à la fin de la guerre. Henri est toujours pompier involontaire pendant cette période de geurre. La situation n’est toutefois pas trop mauvaise, à mon avis, car il n’y a que 2 ou 3 km entre sa caserne et la maison de ses parents où l’attendent sa femme et son fils. Mais ce n’est évidemment pas ce qu’il ressent sur le moment…

Voici une photo de famille prise lors du mariage de Jean Lainé, en été 1942, où l’on voit 5 générations vivantes:
- Moi, bébé
- Dans les bras de ma tri aïeule « Angèle » Pattedoie, la mère d’Augustine, donc l’arrière grand-mère d’Henri. Elle mourra à 92 ans, âge considérable pour l’époque, j’avais 6 ans, je me souviens d’elle. Tout le monde l’appelait « Angèle », je ne sais pas pourquoi, mais, en fait, son prénom d’état civil était Marthe Léonie. Je viens de le découvrir 60 ans après….
Puis de droite à gauche :
- Ma mère Gisèle (C’est Henri qui aurait du figurer, mais on a choisi les femmes…)
- Lucie, la mère d’Henri
- Augustine, dite, « Titine », la mère de Lucie



Puis, enfin démobilisé, Henri pense revenir chez Renault mais la relation qu’il y avait n’y travaille plus. Henri trouve alors du travail à la SNCF, comme son père, et déniche un petit pavillon à louer, à Fontenay rue Jean Jaurès, près de ses parents. Toutes ces largesses des parents Massé, pendant la guerre, ne leur vaudront pas pour autant la reconnaissance de leur belle fille Gisèle. Elle leur enviera leur aisance toute sa vie, et fera tout pour éloigner son mari de ses parents. Elle n’y parviendra pas totalement, mais réussira pourtant à créer une détestable atmosphère familiale, jusqu’au bout : jusqu’à la disparition du dernier des 2 parents Massé (Flavien). Henri parviendra pourtant à conserver des relations avec ses parents, mais très souvent tendues par les pulsions de Gisèle.

Fontenay aux Roses, 4 rue Jean Jaurès, vers 1955. Henri, sa femme, son fils.
Bonheur tranquille…


Henri est très manuel et très inventif. Il part souvent dans des rêveries prolongées, où il pense ou rumine en permanence à tous les sujets qui le passionnent : la peinture, son filicoupeur qui sera comme un enfant pour lui (et très probablement mieux), ses maquettes à la SNCF, la pèche à la ligne.
Quand il « rêve » ainsi il est généralement immobile, mais il a aussi, de façon très étonnante, la faculté de se déplacer en pensant fortement à l’un de ses sujets du moment. Il chemine alors dans la rue en évitant automatiquement tous les obstacles sur sa trajectoire, y compris les personnes qu’il connaît pourtant bien, mais sans jamais les reconnaître, à leur grand étonnement, du moins la première fois….
Il résoudra ainsi, de façon ingénieuse, mais en temps caché, de bien nombreux problèmes. Des problèmes matériels, uniquement, car il ne manifeste aucune motivation ni compétence pour résoudre les problèmes psychologiques ou sentimentaux, que ce soit ceux d’autrui (qu’il ne perçoit pas ou peu) ou les siens (qu’il ne perçoit pas du tout).
Henri est peu émotif et a donc peu d’empathie pour les autres, sauf pour un seul être : Gisèle.
Par contre il est parfois enjoué et plaisantin, en famille et à son travail. D’une façon générale Henri est perçu comme quelqu’un de bonne compagnie. Il n’aura jamais de haine pour quiconque, ni n’en inspirera jamais à autrui.